Après les complaintes, l'heure était aux actes hier soir pour la communauté des joueurs en ligne français. En campagne contre les conséquences de l'ouverture du poker en ligne, ces derniers organisaient une importante manifestation virtuelle sur le logiciel de PokerStars, l'un des principaux opérateurs du marché. Inédit, le blocage massif des tables de jeu fût un succès inattendu, au point de voir le fondateur du site décrocher son téléphone pour ouvrir les négociations. L'heure est maintenant aux propositions.
Depuis l'ouverture des premières tables en argent réel sur les sites agréés par l'ARJEL, il y a quatre jours, les joueurs français vilipendent avec vigueur les prélèvements importants des opérateurs en ligne sur leurs mises, ainsi que le cloisonnement entre joueurs de l'Hexagone. Si cette seconde critique est adressée à l'endroit du gouvernement français et de l'ARJEL, l'Autorité de Régulation des Jeux En Ligne, la première vise principalement les rooms.
Attentifs à la mobilisation à l'unisson des joueurs, les opérateurs visés ont donc rapidement ajusté leurs politiques de prélèvement. PokerStars, par exemple, a revu à la baisse ses ponctions pour les sit'n'gos et les tournois. Un premier pas bien accueilli mais insuffisant pour les joueurs, qui organisaient hier soir sur le site une manifestation virtuelle qui devait permettre de mesurer l'ampleur de leur mouvement. Le résultat fût sans aucun doute bien au-delà de leurs espérances.
Les joueurs de poker en ligne, traditionnellement sans visage et sans voix derrière leur clavier et leur écran, ont en effet fait entendre cette dernière hier soir. Leur message, adressé via PokerStars à l'ARJEL et à l'ensemble des opérateurs de poker en ligne, fût fort, sans équivoque, solidaire et, surtout, entendu. En s'asseyant massivement aux tables en argent réel ouvertes sur PokerStars.fr, puis en refusant d'y disputer la moindre main, ils ont bloqué durant 3 heures un nombre très important de tables et même conduit le fondateur du site à décrocher son téléphone.
Résultat inattendu, Isaï Scheinberg appelait en effet Skip, l'un des leaders de la fronde, pour ouvrir le dialogue et convenir des conditions dans lesquelles celui-ci pouvait s'opérer. Après un flop bâti sur les complaintes, puis un turn sur lequel ils sont passés à l'action, les joueurs doivent donc maintenant négocier au mieux une river qui laisse la place à la négociation. Jusque-là mouvement de contestation, il leur faut parvenir à se muer efficacement en une force de proposition crédible et convaincante. Isaï Scheinberg, lui, attend leurs suggestions.